Benzodiazépines et risque accru de maladie d’Alzheimer
Beaucoup de personnes se voient prescrire par leur médecin un traitement anxiolytique à base de benzodiazépine (1).
Si l’effet immédiat des benzodiazépines (le Valium® en étant le chef de file) sur l’anxiété est incontestable : diminution du niveau de stress, amélioration du sommeil, diminution du sentiment de mal-être…, leur effet à moyen et long terme est moins connu et inquiète une majorité des patients qui hésitent – voire refusent catégoriquement – de prendre ce traitement, devant le crainte d’effets toxiques, de développer une accoutumance (nécessité d’augmenter la dose pour obtenir un effet identique) et surtout une dépendance (incapacité de se passer du médicament).
La recherche leur donne raison !
Des chercheurs de l’INSERM (2) viennent de rendre compte dans le très sérieux British Medical Journal British Medical Journal de nouveaux résultats concernant l’association de la prise de benzodiazépines et le risque de développer une démence. A partir d’une étude réalisée sur près de 9000 personnes de plus de 66 ans, suivies pendant 6 à 10 ans et résidant au Québec, ils ont montré que la prise de benzodiazépines pendant trois mois ou plus était associée à un risque accru de développer la maladie d’Alzheimer (3) après 65 ans. La force de l’association prise de benzodiazépine-risque de démence augmente avec la durée de la prise du médicament.
Que doit-on retenir ?
Lors de la prescription d’un traitement par benzodiazépine, bien apprécier les bénéfices attendus et les risques qui l’accompagnent.
Ne pas oublier que le fait de supprimer transitoirement des symptômes ne permet pas de résoudre la cause. Sans recours à une psychothérapie (4) qui va permettre à la personne d’explorer l’origine des troubles, repérer les changements nécessaires et acquérir des outils pour s’en débarrasser, ces symptômes risquent fort de se manifester de nouveau dès l’arrêt du traitement.
Discuter avec son médecin de la durée optimale d’un traitement ; à noter que les chercheurs n’ont pas observé d’effets délétères sur le risque de démence ultérieur pour des utilisations de ces molécules pendant quelques semaines. Ils recommandent de limiter le traitement aux périodes pour lesquelles elles ont été recommandées.
Etudier avec son médecin les alternatives au traitement par benzodiazépine : phytothérapie, homéopathie, acupuncture,…
__________________
1. Dénominations Communes Internationales (DCI) des principales benzodiazépines : Alprazolam , Bromazépam, Chlordiazépoxyde, Clonazépam, Diazépam, Estazolam, Flunitrazépam, Flurazépam, Lorazépam, Nitrazépam, Oxazépam, Prazépam, Témazépam, Triazolam
2. INSERM : Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale. C’est un organisme public de recherche français entièrement dédié à la santé humaine. www.inserm.fr.
3. Maladie d’Alzheimer : maladie dégénérative incurable du tissu cérébral qui entraîne la perte progressive et irréversible des fonctions mentales et notamment de la mémoire.Les causes exactes de la maladie d’Alzheimer restent encore inconnues. Le premier symptôme est souvent une dégradation de la mémoire. Par la suite, l’atteinte neurologique s’étend aux cortex frontaux et temporo-pariétaux et se traduit par des troubles cognitifs sévères : confusions, troubles de l’humeur, agressivité, troubles du langage et la perte de la mémoire à long terme.
4. Psychothérapie : traitement psychologique pour un trouble mental, pour des perturbations comportementales ou pour tout autre problème entraînant une souffrance ou une détresse psychologique qui a pour but de favoriser chez le client des changements significatifs dans son fonctionnement cognitif, émotionnel ou comportemental, dans son système interpersonnel, dans sa personnalité ou dans son état de santé (définition de l’Orde des Psychologues du Québec).